Agnès Pezeu / Installations

Installation Dessein d’eau Agnès Pezeu / Domaine National de Saint Cloud / 2006

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Installation « Entre – Arada » / Musée d’Art Moderne LV4 / Istambul / 2003 

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Installation au musée d’art moderne LV4 à Istambul, ALI AKAI, Commissaire d’exposition

500kg de sel coloré avec du pigment rouge vermillon – 200 puces électroniques installées sous la montagne de sel chantant « joyeux anniversaire » – projection d’un film sur le sel .

Cette installation est l’ENTRE positif et négatif. Cette immense tache rouge peut faire penser à une flaque de sang mais elle est pourtant réalisée en sel, le sel de la vie.

D’autre part 200 puces électroniques dissimulées sous le sel chantent en même temps « joyeux anniversaire », message positif, qui lorsque on s’éloigne devient un lancinant son de sirène.

De plus le film projeté est un va et vient de la mer associé aux fumées vaporeuses et douce d’une usine : Le doute s’installe dans la sensation de ces images : Est ce un moment de guerre? l’instant qui suit une explosion? ou  simplement les éléments de la nature,  qui s’expriment ? L’idée de « l’ENTRE » reste entière.

Ali Akai

Installation « TEMPS et contre TEMPS » / Usine d’armement / Issy les Moulineaux / 2000

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Pour fêter le premier printemps du millénaire, trois femmes détournent une ancienne usine d’armement à Issy les Moulineaux. A l’invitation de la municipalité, les artistes investissent pendant 3 jours un lieu qui incarne l’une des faces les plus sombres du XXème siècle. Construite à la veille de la 2ème Guerre Mondiale pour fabriquer les prototypes de matériel militaire, l’usine est mise au service de la Wehrmacht sous l’occupation. Après la guerre, elle continue de travailler pour l’armée française avant d’abriter, depuis 1984, le groupement des collectionneurs de matériel militaire. Située en bord de Seine, face à l’île Saint Germain, l’usine pourrait prochainement céder la place à des espaces d’habitations.

L’installation visuelle et sonore conçue par Carmen Hoyos, Agnès Pezeu, et Camille Revel, dialogue avec l’architecture et l’histoire du bâtiment : A la lourdeur elle répond par la légèreté, à la grisaille par la lumière et la couleur, à la logique de la production par la gratuité insensée de l’Art, à la passion destructrice par la passion de la vie, au temps de l’histoire par l’éphémère. Dans cette structure fonctionnelle et vétuste, les artistes adoptent une stratégie de recouvrement et d’empaquetage qui arrondit les angles et dissimule les aspérités sans effacer les formes. Pour insuffler de la vie à cet espace fantomatique elles prennent le parti de recourir aux signes les plus convenus et les plus lisibles du bonheur de vivre au quotidien : champ de tulipes rouges au lever du jour, reflet irisé de l’huile de moteur, mouvement perpétuel d’une fontaine à vapeur d’eau, effets de lumières et jeu de reflets, emballages d’aluminium, brillants comme des bonbons sur l’étalage d’un confiseur et image baladeuses évoquant les créations de ce siècle.

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Des enregistrements intégrés aux engins militaires tracent un parcours  sonore qui va des bruits produits par la relation homme-machine à ceux émis par le corps dans ses différents modes d’expression en passant par la vie étouffée de la vie animale souterraine. Les interventions d’artiste comme Sesa Paker, le photographe Frédéric Juga et le groupe Noise Maker’s fifes difractent les motifs visuels et sonores de l’installation.

Le soir du vernissage, une création musicale de Jean Yves Bosseur reprend le thème de l’écoulement du temps. Les 24 séquences, conçues comme autant de paysages sonores, alternent différentes formations instrumentales et vocales autour d’une composition électroacoustique continue.

Livrés aux femmes artistes, les chars et véhicules du cercle très fermé et très masculin des collectionneurs d’engins militaires sont empaquetés dans des feuilles d’aluminium brillantes qui leur donne un air de bêtes domptées, parées pour la fête. Enserrés dans cette peau fine et tendue qui révèlent leurs contours ils évoquent les muscles puissants des esclaves de Michel Ange qui paraissent sur le point de libérer une énergie contenue à jamais dans l’immobilité de la pierre. Après avoir échappé à leur destin d’objet indestructibles et éphémères, les engins =sont fétichisés par les collectionneurs, amoureux nostalgiques de leur belle mécanique dont ils s’emploient à conserver leur puissance. Puis, ils sont soumis un court moment à l’action « civilisatrice » de la femme par l’Art.

Héritiers de Dada, l’art éphémère est un art d’appropriation et de contexte qui transfigure tout ce qu’il trouve sur son passage. Par le moyen du détournement d’objet, Carmen Hoyos, Agnès Pezeu et Camille Revel et leurs complices prennent appui sur la charge négative qui émane du lieu pour exalter les forces positives de la vie, de la paix et de l’harmonie. En donnant la primauté de l’instant et au quotidien, elles prennent à contre temps le temps de l’Histoire dans lequel s’inscrit l’usine. Il y a quelque chose de jubilatoire dans leur façon de s’emparer du lieu et des objets. Une occasion à ne pas laisser filer de saluer le nouveau millénaire par une exhortation à la fête.

Pauline DE LABOULAYE, Historienne d’Art